26.08.2019 // General news

L’individu normalisé est un homme

Le CEO de l’Association Suisse de Normalisation (SNV) ratifie la Gender Responsive Standards Initiative de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU)

Dans le discours actuel sur l’égalité entre les droits des hommes et des femmes, le diable se cache dans le terme « égalité », les femmes et les hommes ayant des besoins et des prérequis différents, à commencer par la température ambiante jusqu’aux réactions physiologiques différentes aux médicaments. Les normes représentent des bases importantes pour les directives et les technologies qui déterminent notre quotidien et notre avenir commun. Il est primordial que les besoins des femmes soient pris en compte lors de l’élaboration de normes et que les femmes participent activement au travail de normalisation.

L’homme comme modèle de référence pour les normes
Les normes façonnent notre vie quotidienne en fixant les exigences et les critères de qualité des produits, des prestations et des processus. Dans le domaine de la sécurité des produits, les normes ont une influence significative sur la santé des personnes. Cependant, les modèles de référence de nombreuses normes reposent sur les caractéristiques des hommes d’Europe centrale et d’Amérique du Nord. Bien que les normes soient systématiquement retravaillées – tous les cinq ans au minimum auprès de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) –, il existe encore des normes qui prennent insuffisamment en compte les différences entre les sexes. Elles ignorent la dimension de genre. La température ambiante mentionnée au début illustre bien ce propos. Une norme américaine pour la climatisation de bâtiments repose sur le métabolisme de repos d’un homme de 40 ans. Le métabolisme de repos des femmes est en moyenne inférieur de 20 à 30 %.

Les normes pour les claviers, les produits médicaux et les vêtements de protection ne sont pas adaptées aux femmes
La taille standard en vigueur depuis 1880 pour les claviers de piano, adaptés aux besoins des virtuoses du piano masculins européens de l’époque, n’a pas rendu service aux femmes et aux hommes ayant de petites mains. La taille de la main varie énormément, non seulement entre les hommes et les femmes, mais également au sein des groupes ethniques.
L’absence de prise en compte des différences entre hommes et femmes est plus critique dans le domaine de la santé. Une grande partie des études portant sur les médicaments sont réalisées sur des hommes jeunes. Leurs caractéristiques physionomiques sont différentes des femmes ; ils sont plus grands et ils présentent une part graisseuse inférieure. Les effets secondaires liés aux variations hormonales ne peuvent pas non plus être pris en compte avec de jeunes testeurs de médicaments masculins.
Un équipement de protection personnel non adapté au corps féminin met en danger la santé et la sécurité des femmes. Le comité consultatif de défense pour les femmes au sein des services militaires, un comité placé sous l’autorité du ministre de la défense américain et qui délivre des conseils et des recommandations pour les soldates, travaille sur le thème des équipements de protection non adaptés au corps féminin depuis 1978.
Le problème ne concerne pas seulement l’armée, mais également les branches du secteur privé dans lesquelles l’équipement de travail a une fonction de protection. La plupart du temps, les femmes ne profitent pas d’un équipement de protection adapté, mais tout simplement la plus petite taille disponible de l’équipement adapté aux hommes. Une étude du Congrès des syndicats anglais Trades Union Congress (TUC) a révélé que seuls 29 % des femmes interrogées ont reçu un équipement de protection spécialement adapté aux femmes. A ce sujet, 57 % des personnes interrogées ont indiqué que l’équipement de protection utilisé entravait leur travail.

Les besoins des femmes trop peu pris en compte
Lorsque les normes sont élaborées par un comité d’experts uniquement masculin, les besoins des femmes sont insuffisamment pris en compte : non par malveillance, mais parce que les exigences ne sont pas prises en considération.
Comme dans de nombreux domaines de l’économie et de la société, les femmes sont sous-représentées dans le travail de normalisation. En effet, selon les chiffres de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), leur pourcentage s’élève à seulement 25 % et varie fortement en fonction de la délégation, du pays et de la thématique.
Outre les normes liées à des produits et sans différenciation de sexe, des normes ayant pour but de promouvoir les femmes et de les protéger des dangers et de la discrimination peuvent avoir une influence négative imprévue sur leur participation à la vie économique, notamment dans les domaines où le travail est très spécifique en fonction du sexe. Ainsi, des normes posant des exigences de qualité élevées aux produits agricoles peuvent conduire à l’exclusion de la chaîne de production de valeur de petites entreprises, souvent dirigées par des femmes, car elles ne peuvent pas réaliser d’investissements importants dans l’infrastructure de la qualité et reçoivent également moins de crédits. Il est donc important de prendre en compte l’influence sur les communautés locales, notamment le rôle des femmes, dans la fixation des critères de qualité.

Urs Fischer ratifie la Gender Initiative de la CEE-ONU
A l’avenir, pour prendre également la dimension du genre dans la normalisation, Urs Fischer, directeur de l’Association Suisse de Normalisation (SNV), a ratifié le 10 juillet 2019 la Gender Responsive Standards Initiative de la CEE-ONU. En ratifiant l’initiative, la SNV s’engage à rendre ses processus de normalisation et ses propres normes plus adaptés aux genres, mais également d’élaborer et d’implémenter un plan d’action en faveur de l’égalité des sexes.
Il s’agit également de l’élaboration de mesures pour favoriser la participation d’un plus grand nombre de femmes au sein des organes de normalisation. Par ailleurs, des données doivent être relevées en continu afin de suivre les progrès de l’égalité des sexes et de partager les réussites.

Conscients que les femmes ne sont pas seulement des hommes de plus petite taille et que les normes ne peuvent pas ignorer la dimension de genre, nous contribuons au but de l’égalité des sexes et promouvons l’autodétermination des femmes et des jeunes filles (ODD n° 5 de l’Agenda 2030 ).

Informations complémentaires :

to the news overview

Please add 1 and 7.

All your data will be treated as strictly confidential and will only be used for the purposes of answering your query. For details on how your data will be processed, please refer to our Privacy Statement.

Back to top
Languages available