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Histoire SNV #2 : Allons-nous bientôt nous chauffer avec de l’huile alimentaire usagée purifiée ?

Portrait du spécialiste en sciences de l’environnement Markus Wilke

Markus Wilke, scientifique tessinois spécialisé dans l’environnement, a développé avec le scientifique Marcel Caminada, originaire des Grisons, une nouvelle technologie permettant d’alimenter des chauffages au fioul traditionnels avec des combustibles biogènes tels que de l’huile alimentaire usagée purifiée, et de réduire ainsi leurs rejets polluants. Cette technologie a été certifiée conforme à l’ordonnance sur la protection de l’air par l’Office fédéral de l’environnement. Une méthode d’essai standardisée doit être établie pour ces combustibles d’origine naturelle afin qu’à l’avenir différents combustibles biogènes puissent être utilisés. Pour qu’une norme adéquate puisse voir le jour dans les meilleurs délais, Markus Wilke a déjà fait savoir qu’il était prêt à participer en tant qu’expert à son élaboration.

La SNV a rendu visite à Markus Wilke à son hôtel, l’Hotel Vezia près de Lugano, qu’il dirige avec son épouse Conny Wilke, afin de s’entretenir avec lui sur son travail d’expert et sur cette technologie originale à l’échelle internationale.

Légende d’illustration : le spécialiste en sciences de l’environnement Markus Wilke à son hôtel, l’Hotel Vezia à Vezia

1. SNV : Comment vous est venue l’idée d’adapter des chauffages au fioul traditionnels pour pouvoir les alimenter en combustibles biogènes ?
Markus Wilke : Pour utiliser de l’huile alimentaire usagée de manière écologique, il existe deux approches : l’une consiste à adapter le combustible à la technique comme c’est déjà le cas pour le biodiesel, et l’autre consiste à adapter la technique au combustible. C’est ce que nous avons fait avec nos brûleurs Green Power. Nous commercialisons le brûleur qui peut être monté sur des chauffages au fioul traditionnels à peu de frais, et qui permet ensuite de se chauffer avec un bilan carbone neutre.

2. Comment vous procurez-vous les combustibles biogènes ?
L’huile alimentaire usagée est collectée auprès de restaurants et d’hôtels avant d’être purifiée par nos soins ou par des entreprises partenaires. Ce déchet redevient ainsi un produit pouvant servir de source d’énergie.

Jusqu’à présent les points de collecte publics ne font pas le tri entre l’huile alimentaire et l’huile minérale, c’est pour cette raison que l’huile provenant des ménages privés ne peut pas être utilisée. Dans le Tessin, nous venons justement de lancer un projet pilote avec plusieurs communes dans le but de permettre aux ménages d’éliminer leurs huiles alimentaires dans des conteneurs spécifiques en vue de leur recyclage. Ce processus est d’autant plus écologique que le transport lié à l’élimination est réduit.

3. Comment êtes-vous venu à travailler en qualité d’expert ?
Notre développement doit répondre aux exigences de l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair). La qualité du combustible doit donc être soumise à une norme (ou tout du moins à une règle) qui définit les paramètres applicables aux combustibles biogènes. Comme il n’existe aucune norme internationale ni européenne en la matière, nous travaillons actuellement à l’élaboration de la norme suisse SNR 10500. Bien entendu, j’ai tout intérêt à ce que cette règle soit définie le plus rapidement possible. C’est pour cette raison que j’ai accepté dès le départ de contribuer activement à son élaboration en y apportant mes connaissances. Je dirige le groupe responsable du projet en vue de définir cette réglementation suisse et je suis en lien étroit avec l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). De même, je suis également membre du groupe d’experts pour le fuel bio qui se réunit tous les deux mois, et qui travaille à l’adaptation de la norme suisse sur l’huile de chauffage SN 181160-2 visant à intégrer dans la norme existante l’huile de chauffage bio (H20) sur la base de mélanges d’huile de chauffage/EMAG*).

*) EMAG = ester méthylique d’acide gras

4. Quel est l’objectif visé par cette règle ?
Cette règle a pour but de définir les paramètres applicables aux combustibles biogènes en termes de pureté et de stabilité au stockage.

5. Quels sont les enjeux ?
Sous cette forme, notre concept est unique en son genre dans le monde entier. Nous devons donc non seulement traiter les questions techniques, mais aussi fournir un important travail d’information et de persuasion et communiquer nos connaissances. Ce n’est que récemment, au terme d’un essai mené à la haute école spécialisée de Windisch pendant près d’une année, que nous avons pu amener la preuve que notre technologie garantit une combustion complète, et par conséquent de faibles gaz d’échappement, ce qui est également essentiel pour la préservation de notre santé. Ces processus complexes exigent beaucoup de temps et de travail. Toutefois, nous sommes conscients que seul un vaste travail d’information permettra d’éradiquer les doutes et d’ouvrir la voie à cette technologie prometteuse.
C’est aussi pour cette raison que je suis heureux de partager mes connaissances à travers mon engagement pour la normalisation.

6. Allez-vous révolutionner la technologie de chauffage avec votre brûleur ?
Bien entendu, à l’heure actuelle ce brûleur est surtout intéressant là où l’on utilise des chauffages au fioul qui ne bénéficient plus d’un soutien politique. Je suis convaincu qu’à l’avenir, un mix de technologies renouvelables continuera d’exister. Quelle que soit la technologie considérée, les ressources ne suffiront plus pour alimenter une seule et même méthode de chauffage.

7. Quand la règle suisse sera-t-elle prête ?
Je pense que les travaux relatifs à la règle SNR 10500 seront terminés au printemps 2020.

Le brûleur Green Power : se chauffer avec des combustibles biogènes liquides

A première vue, l’idée de Marcel Caminada et Markus Wilke paraît simple. En Suisse, et plus particulièrement dans les cantons touristiques du Tessin et des Grisons, les restaurants et les hôtels produisent beaucoup d’huile alimentaire usagée. Pour son traitement, il n’est pas question de lui faire traverser l’Europe tout entière mais plutôt de la purifier localement pour la réemployer ensuite aussi au niveau régional. De plus en plus d’établissements de restauration soutiennent ce concept et contribuent activement à la protection de l’environnement en mettant leurs huiles usagées à disposition. De cette manière, on élimine le transport vers d’autres usines de transformation européennes.

Derrière cette idée se cache une technologie ingénieuse. L’élément central du brûleur Green Power est un système de pulvérisation particulièrement innovant qui pulvérise l’huile alimentaire usagée traitée, difficilement vaporisable, si finement que l’huile parvient à être brûlée à l’état d’aérosol.

 

Légende d’illustration : le brûleur Green Power se monte directement sur des chauffages au fioul existants, en toute simplicité.

Les chauffages au fioul toujours plus onéreux
Le brûleur des deux développeurs se monte sur des chauffages au fioul classiques. La nouveauté : au lieu de remplir la cuve d’huile de chauffage d’origine fossile, on la remplit avec de l’huile végétale purifiée. Aucun démontage complexe de l’installation de chauffage n’est donc nécessaire. De plus, le brûleur a la particularité de pouvoir être adapté aux besoins de chauffage, sans transformation. Les brûleurs à huile classiques ont un rendement constant et ce, même si, après rénovation une maison dispose par exemple d’une meilleure isolation thermique. A l’inverse, le brûleur Green Power peut fonctionner dès 5 kW de puissance. Markus Wilke s’attend à ce que les coûts liés au chauffage progressent fortement en raison de l’augmentation de la taxe sur le CO2 et que, pour cette raison, l’alternative offerte par les combustibles biogènes connaisse un essor massif.

Solution de transition à louer
L’expert en sciences de l’environnement Markus Wilke et son partenaire Marcel Caminada sont convaincus du potentiel de leur brûleur sur le marché. D’ailleurs, ils en ont déjà vendu et installé plusieurs unités ce qui a permis de certifier leur longévité. Le brûleur pouvant aussi être envisagé comme solution transitoire, ils proposent également leur produit à la location. Le concept dépasse les exigences du modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC).

 

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