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Histoire SNV #8 : les algues, testeuses de l’eau

Portrait de l'expert en normalisation Dr. Cornelia Kienle

Les algues sont un miracle de la nature et leur utilisation est aussi variée que surprenante. Elles relèvent la saveur du meilleur sushi, aident à faire tourner les moteurs ou s’invitent encore comme super-aliment dans nos assiettes. Mais saviez-vous qu’il existait une banque d’algues dans le nord de l’Allemagne ? Dans cette histoire, vous découvrirez pourquoi le Centre Ecotox suisse en est un client régulier et en quoi ceci a un rapport avec les normes.

La fascination du monde aquatique
Pour cette histoire, nous avons rencontré Mme Cornelia Kienle, biologiste diplômée. Depuis son enfance, elle s’intéresse à l’eau et à tout ce qui y vit. On ne s’étonnera donc pas qu’elle ait dès cette époque transformé l’étang familial en laboratoire d’essai et que, loin devant les autres, la biologie était sa matière préférée à l’école. Durant ses études, ses centres d’intérêt se sont élargis à la biologie marine et aux effets des polluants sur les milieux aquatiques. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, elle s’est particulièrement intéressée à l’impact du manque d’oxygène et des polluants sur les embryons et les larves de poissons. Depuis la fondation du Centre Ecotox en 2008, Mme Cornelia Kienle y est collaboratrice scientifique et œuvre également comme experte au sein de la SNV.

Légende d’illustration : Dr Cornelia Kienle au laboratoire du Centre Ecotox à Dübendorf.

Une eau de haute qualité profite à tous
Le Centre Ecotox situé à Dübendorf est le centre suisse d’écotoxicologie appliquée. Il identifie les effets des substances chimiques sur notre environnement et développe des stratégies d’évaluation et de réduction des risques. Outre les projets autofinancés, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) est son principal donneur d’ordre. Mme Cornelia Kienle surveille notamment la qualité de l’eau aux différentes étapes de purification dans les stations d’épuration. Plus une station d’épuration est efficace, mieux le cycle de l’eau se porte. Elle et son équipe opèrent dans ce but au moyen de ce qu’on appelle des bioessais. En termes simples, des cellules ou des organismes vivants sont ajoutés à l’eau, et le taux ainsi que les effets des micropolluants persistants sont analysés. Afin qu’un nombre croissant de ces bioessais se déroulent à l’avenir selon le même standard aux niveaux national et international, le Centre Ecotox accomplit, en coopération avec l’Association Suisse de Normalisation, un travail de pionnier.

Toutes les algues ne se ressemblent pas
Mme Cornelia Kienle a tout simplement hérité de son prédécesseur le statut d’experte de la SNV et de présidente du comité de normalisation 107 « Qualité de l’eau ». Les échanges aux niveaux national et international n’ont toutefois rien de nouveau pour elle, qui a déjà depuis longtemps activement participé aux travaux de divers groupes de travail sur les bioessais. Dans ce cadre, la nécessité croissante de bioessais standardisés s’est toujours et encore affirmée. Il n’est possible de comparer les résultats de tests que si l’on assure une procédure uniforme. En collaboration avec la SNV sont définies des normes qui puissent servir de base pour une norme ISO ainsi que pour une application internationale des normes. La proposition d’une nouvelle norme ISO sur le thème des « bioessais avec des algues » doit ainsi être soumise cette année auprès de la SNV. Dans le cadre de la normalisation, les outils de travail utilisés, la mise en œuvre ainsi que la documentation des bioessais sont prescrits de façon précise ; la comparabilité des résultats entre les différents laboratoires est de même rigoureusement analysée. Et c’est dans ce contexte qu’entre en jeu la banque d’algues en Allemagne. En effet, ses coffres n’abritent aucun lingot d’or, mais bien des cultures d’algues soigneusement ordonnées. Si un laboratoire souhaite effectuer un bioessai standardisé, les algues doivent nécessairement provenir d’un organisme officiel tel que celui-ci. Le bioessai normalisé ressemble au fond à une recette de cuisine : lui aussi commence par « Prenez... ».

Légende d’illustration : Algues au microscope au Centre Ecotox à Dübendorf.

Les stations d’épuration sur la voie du futur
Les bioessais sont par exemple utilisés de manière intensive dans les stations suisses d’épuration des eaux pour analyser les effets des micropolluants sur les organismes aquatiques et émettre des recommandations d’action pour optimiser l’exploitation. Pour améliorer la qualité de l’eau, on a recours aujourd’hui à deux principales techniques, appliquées après l’étape d’épuration biologique : l’ozonisation et le traitement au charbon actif. Le Centre Ecotox coopère depuis un certain temps avec l’Office fédéral de l’environnement, l’Association suisse des professionnels de la protection des eaux et divers exploitants de stations d’épuration, dans le but d’évaluer les avantages et l’efficacité d’une épuration des eaux plus approfondie au moyen de bioessais. L’Institut Fédéral Suisse des Sciences et Technologies de l’Eau (Eawag) apporte son soutien dans le domaine de la chimie analytique. Le succès de cette coopération se traduit par le fait qu’une centaine de stations d’épuration vont être prochainement équipées de ces techniques de pointe. La Suisse s’assure ainsi une position de premier plan mondial quant à la qualité de l’eau fournie par les exploitants suisses. Non seulement notre réputation en profite, mais aussi l’ensemble de la population, de la faune et du paysage culturel.

Où il y a de l’eau, il y a de la vie
La qualité de l’eau, c’est la qualité de la vie. Mme Cornelia Kienle et son équipe du Centre Ecotox œuvrent dans ce sens au quotidien. La normalisation des bioessais constitue une condition primordiale pour que le travail accompli ait un impact jusqu’au niveau international. Le Centre Ecotox ne risque toutefois pas de manquer de travail avant longtemps. Les domaines nécessitant des améliorations et des normes sont encore nombreux. Un mot-clé : l’agriculture. Le canton de Thurgovie a par exemple lancé un projet dans lequel des mesures de réduction des apports agricoles ont été mises en œuvre avec les agriculteurs locaux. Le Centre Ecotox accompagne le monitoring des effets de ces mesures au moyen de bioessais. Il est aisé d’imaginer que ces activités variées satisfont à tous les critères du job idéal pour une biologiste et amoureuse de la nature. Le seul bémol, c’est qu’il n’y pas la mer en Suisse.


Sources des images : Centre Ecotox à Dübendorf

Chacun peut améliorer la qualité de l’eau : cinq règles simples à suivre au quotidien

  1. Economiser l’eau
    Fermer le robinet pendant le brossage des dents, installer des économiseurs d’eau sur les robinets
  2. Acheter malin
    Privilégier les composants biodégradables (lessive, shampooing, détergents, etc.)
  3. Bien doser
    Suivre les recommandations des fabricants
  4. Jeter au bon endroit
    NE JAMAIS jeter de médicaments dans les toilettes
  5. Avoir l’esprit critique
    L’usage de produits spéciaux n’est pas toujours nécessaire : l’eau seule s’avère souvent un produit d’entretien efficace
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