29.04.2022 // General news

Une agriculture interconnectée grâce au « smart farming »

La croissance de la population mondiale rend plus difficile une alimentation durable. Dans ce contexte, la technologie intelligente peut s’avérer utile. A cet effet, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a constitué un groupe d’expert(e)s du monde entier. Les personnes intéressées ont la possibilité de faire valoir leur position sur l’agriculture intelligente auprès de l’ISO via l’Association Suisse de Normalisation (SNV).

L’agriculture peut également apporter sa contribution afin que les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies (Sustainable Development Goals, SDG) puissent être atteints. Elle est donc étroitement liée à l’éradication de la faim et à la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, le travail agricole et la gestion des ressources a des répercussions sur les ODD « Eau propre et assainissement », « Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques » ou « Vie terrestre ». A travers ses normes, l’ISO souhaite intervenir à ce sujet et soutenir toutes les exploitations agricoles dans l’atteinte de ces objectifs, des petits paysans qui nourrissent leurs familles aux exploitations hautement mécanisées qui cultivent des dizaines de milliers d’hectares de terres.

Les normes, l’élément qui unit tout
Des solutions interdépendantes sont nécessaires pour remédier à des problèmes interdépendants. Et c’est précisément cette approche que permettent les normes ISO. Ces interdépendances sont moins évidentes dans le domaine de la fabrication de denrées alimentaires que pour la construction d’une ville intelligente. Le monde numérique hyperconnecté et toujours accessible semble en forte contradiction avec la croissance lente des feuilles, pousses, graines et tubercules. N’a-t-on pas là deux mondes totalement incompatibles ?

En réalité, l’agriculture s’appuie désormais fortement sur des données. Les ressources s’épuisent, les marges bénéficiaires se réduisent et le changement climatique rend la météo imprévisible, si bien que les agriculteurs se trouvent dans l’obligation de collecter, d’analyser et d’échanger de plus en plus d’informations. Cependant, il arrive parfois que la communication entre les différents appareils, capteurs et logiciels ne soit pas très bonne. Les normes ISO peuvent aider à résoudre ce problème d’interopérabilité.

Le groupe stratégique de conseil (Strategic Advisory Group, SAG) de l’ISO sur l’agriculture intelligente montre comment les différents éléments peuvent être réunis pour garantir une agriculture intelligente. Parmi les priorités du SAG sur l’agriculture intelligente, figure le développement de synergies en réunissant des expert(e)s compétent(e)s de différents domaines. Cela signifie que des ingénieur(e)s agronomes ainsi que des agronomes se réunissent autour d’une table avec des personnes qui n’ont encore jamais approché de près une exploitation agricole. Toutefois, lorsqu’il est question de la culture de denrées alimentaires dans un environnement contrôlé de manière artificielle, il est judicieux que les expert(e)s en éclairage apportent également leurs idées. De même, doivent intervenir des spécialistes en robotique pour découvrir de quelle manière des drones peuvent effectuer des tâches répétitives ou dangereuses dans l’exploitation agricole. C’est pourquoi le noyau de ce groupe sur l’agriculture intelligente réunit plus de 30 comités techniques ISO (et leurs sous-comités hautement spécialisés).

Le SAG sur l’agriculture intelligente a été convoqué par les membres de l’ISO des Etats-Unis et de l’Allemagne, deux des leaders mondiaux dans le domaine de l’agriculture industrialisée. Le noyau du groupe fondé en 2021 réunit 21 pays membres de l’ISO, qui représentent l’ensemble des réalités et défis agricoles. Il s’agit notamment de géants comme la Chine et l’Inde (tous deux associent l’agriculture de subsistance familiale à l’exportation de marchandises à l’échelle industrielle) ainsi que des pays comme Singapour et les Pays-Bas (tous deux compensent la forte densité de la population sur les terres de haute qualité par une production à forte intensité et de haute technologie). Les expert(e)s de l’Association Suisse de Normalisation (SNV) siègent également dans le Strategic Advisory Group pour l’agriculture intelligente et apportent leur point de vue.

Production alimentaire interconnectée : maintenant ou jamais !
Le degré d’interconnexion a atteint un niveau record et doit constituer la base de nombreuses technologies intelligentes. Le moment n’a jamais été aussi favorable pour le développement de technologies d’agriculture intelligente qui ciblent essentiellement une « interconnexion de la production alimentaire ». Les opportunités majeures identifiées par le Strategic Advisory Group pour l’agriculture intelligente se situent au niveau de la normalisation des interfaces et de la manière dont les données sont saisies, formatées, stockées et échangées tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, et au niveau de l’optimisation des procédés de production qui reposent sur l’agriculture de précision et les nouvelles techniques de culture.

L’agriculture de précision est probablement l’aspect le mieux compris du domaine de l’agriculture intelligente. Elle existe de manière similaire depuis déjà des décennies. Ainsi, par exemple, les fonctions de commande permettent une meilleure utilisation du temps et de la main-d’œuvre sur le terrain. Grâce à des technologies telles que l’intelligence artificielle (IA), les données peuvent être saisies, traitées et analysées aussi rapidement qu’elles fournissent aux agriculteurs de précieuses connaissances et les aident à pratiquer des cultures de façon rentable, durable et dans le respect des directives.

L’agriculture de précision implique que le matériel d’exploitation est utilisé le plus efficacement possible, tout en prenant en considération les plus petites variations de la croissance, de l’état du sol, de l’infection par des parasites ou des maladies dans une culture. Par exemple, il est possible de n’épandre des engrais qu’aux endroits où cela est vraiment nécessaire. La fabrication d’engrais synthétiques étant très énergivore, leur utilisation rationnelle est d’une importance capitale pour la réduction de l’empreinte carbone des denrées alimentaires. Il en est de même pour toute technique de réduction des déchets, par exemple les robots de désherbage mécaniques qui, à l’aide de l’intelligence artificielle, identifient les plantes indésirables et les éliminent au moyen d’un laser.

Les systèmes d’information de gestion agricole (FMIS) donnent un aperçu de tous les processus ayant lieu dans l’ensemble de l’exploitation ou même dans plusieurs exploitations. Dans ce cas également, le concept n’est pas nouveau, mais le degré de l’interconnexion et la capacité à assurer un stockage sécurisé et à consulter les informations sur des processus ont ouvert la voie à de nouvelles formes de gestion, avec le soutien de conseillers(ères) tels que des agronomes en mesure d’acquérir des connaissances et de développer des stratégies sans consacrer beaucoup de temps aux déplacements vers les différents sites.

La comparaison les stocks, de la consommation passée et de la production actuelle permet aux fournisseurs, de concert avec les agriculteurs, de produire des prévisions plus exactes. Ainsi, l’ensemencement et la récolte de plantes à croissance rapide en particulier (comme les laitues et les herbes aromatiques) se font selon les besoins, ce qui permet de réduire considérablement les déchets et les pertes après les récoltes. Pour mettre cela en œuvre, les exploitations agricoles reculées ont besoin d’une connexion haut débit fiable ainsi que d’un procédé normalisé pour l’échange, le stockage, le traitement et l’analyse sécurisés sur place d’informations recueillies.

La robotique et l’automatisation vont de pair avec l’agriculture de précision. Les machines sont non seulement plus efficaces lorsqu’il s’agit de l’utilisation précise de quantités variables de ressources, mais peuvent également avoir une influence positive sur les conditions de travail des agriculteurs. En effet, l’agriculture est une activité rude qui implique de longues journées de travail et un travail pénible. Elle peut par ailleurs s’avérer dangereuse. Il est certes possible de prendre des dispositions pour réduire au minimum les risques majeurs (travail en hauteur ou avec des produits chimiques), mais l’expérience dans les exploitations agricoles a montré que ces dispositions sont souvent contournées, en particulier lorsque les travaux doivent être effectués dans un délai limité déterminé par la météo, la demande du marché ou le degré de maturité des plantes.

Les petits paysans profitent également des normes relatives aux données, lesquelles facilitent le travail du Strategic Advisory Group. Les smartphones devenant de plus en plus abordables, il est plus facile pour les agriculteurs les plus vulnérables d’avoir accès à des instruments de gestion du risque comme les assurances-récolte, d’utiliser des outils de diagnostic fondés sur l’IA, lesquels permettent un meilleur entretien de leurs cultures, en l’absence d’un agronome diplômé, et même d’accéder à des données de marché et d’obtenir le meilleur prix pour leurs produits. De plus, le Strategic Advisory Group ISO pour l’agriculture intelligente dispose de nombreuses possibilités de développement de technologies spécifiques.

En 2020, une équipe internationale de chercheurs a publié dans la revue Agronomy un Aperçu global de l’état de l’agriculture intelligente. L’article donne non seulement un aperçu détaillé de la situation actuelle et des futures opportunités de l’agriculture intelligente, mais fournit également une carte des types de technologies liées à l’agriculture intelligente, lesquelles technologies permettent de relever les défis de l’agriculture de plein air. Il fait allusion au rôle clair des normes pour assurer l’interopérabilité et respecter la législation qui s’élabore.

Protection de notre planète et satisfaction de nos besoins
Un article publié en 2021 dans Nature Sustainability analyse certains problèmes de l’agriculture et étudie des solutions possibles. Il décrit la situation de la manière suivante : « Si les tendances actuelles dans l’agriculture persistent, la pression sur la biodiversité augmentera considérablement ; les projections établies sur la base de la croissance de la population et du changement de régime alimentaire répondent à un besoin de deux à dix millions de kilomètres carrés de nouvelles terres agricoles qui sont acquises en grande partie au détriment d’habitats naturels. »

Selon une estimation prudente, nous devrions trouver des terres arables qui correspondent à la superficie cumulée de l’Italie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, de la France, de la Corée du Sud et de l’Allemagne. Selon des estimations moins prudentes, la superficie nécessaire dépasse même la superficie du Canada ou de la Chine. La seule possibilité de créer des terres arables dans de telles proportions consisterait à éliminer toute autre chose des surfaces existantes : zones humides, forêts, parcs et désert, de même que les plantes, champignons, coléoptères, oiseaux, populations et les autres animaux qui y vivent.

Bien que la Conférence des Nations Unies sur le climat et toutes les manifestations de suivi jusqu’à la Conférence de Glasgow de 2021 sur le climat ont évoqué les « obligations » des gouvernements et les « engagements » des entreprises, de nouveaux records sont constamment battus dans le cadre de la déforestation mondiale. Des écosystèmes uniques qui jouent un rôle important dans la régulation du climat de notre planète sont détruits. De ce fait, il est encore plus probable que l’augmentation du niveau de la mer inonde les régions basses et que la superficie habitable de la planète soit réduite – ce qui contraindrait des populations entières à se déplacer et exercerait une pression supplémentaire sur les domaines convenant à la culture des denrées alimentaires.

En 2022, notre espèce a besoin de toute urgence de solutions qui répondent à notre besoin le plus fondamental : produire suffisamment de nourriture pour tous. L’ISO a compris l’importance capitale de l’agriculture pour notre futur et réunit, au sein du nouveau SAG pour l’agriculture intelligente, des expert(e)s de l’agriculture et de nombreux autres domaines.

Selon l’ISO, l’agriculture intelligente ne consiste pas à combiner technique et terres arables pour le plaisir. En revanche, elle doit soulever un problème urgent de développement durable. En effet, la population mondiale et la demande de denrées alimentaires augmenteront avant que la courbe ne soit stabilisée et que la situation soit sous contrôle dans son ensemble. Cela signifie qu’il nous faut trouver d’autres façons de définir et de gérer nos priorités et ressources, notamment en ce qui concerne l’utilisation des terres et de l’eau.

Quelles sont vos suggestions pour le futur de l’agriculture ?
Engagez-vous dans le groupe stratégique de conseil (SAG) de l’ISO et faites-nous part de vos suggestions. Au sein du SAG, les membres de l’ISO pour les Etats-Unis et l’Allemagne coordonnent des expert(e)s provenant de 21 pays membres. Chaque membre de l’ISO désireux de participer a désigné un(e) expert(e) qui présente des informations pertinentes sur les réalités et dans l’intérêt du pays concerné.

Souhaitez-vous faire valoir les intérêts de votre entreprise dans l’un des neuf sous-groupes du SAG ?
Le SAG pour l’agriculture intelligente (Strategic Advisory Group Smart Farming) comporte les sous-groupes suivants, pour lesquels des organisations de normalisation nationales telles que la SNV peuvent en outre désigner leurs expert(e)s :
• Sous-groupe 1 : Production de grandes cultures
• Sous-groupe 2 : Animaux d’élevage
• Sous-groupe 3 : Agriculture urbaine
• Sous-groupe 4 : Climat et environnement
• Sous-groupe 5 : Fabricant d’équipements originaux (original equipment manufacturer, OEM)
• Sous-groupe 6 : Terminologie et sémantique
• Sous-groupe 7 : Considérations sociales
• Sous-groupe 8 : Données
• Sous-groupe 9 : Chaîne de distribution

Le SAG a pour mission de définir le cadre pour la normalisation de l’agriculture intelligente à travers la chaîne de création de valeur alimentaire dans le contexte des ODD, et de déterminer de futurs besoins en termes de normalisation. Le SAG collabore avec des acteurs compétents pour dresser une vue d’ensemble et un plan pour les normes en matière d’agriculture intelligente, le document étant attendu vers fin 2022.

Sources :
Article ISO | Des pratiques agricoles adaptées pour une agriculture intelligente

Informations complémentaires :
Agroscope | Agriculture intelligente
Bulletin d’information de la SNV | L’agriculture intelligente au programme de l’ISO

Your contact person for further information:
, Tel: +41 52 224 54 54

Your contact person for a SNV-Membership:
Birgit Kupferschmid, , Tel: +41 52 224 54 18

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